La valse des romantiques- 1

SECRETS DE DONJON
Quand je répondais encore au téléphone dans le cadre de mon activité, nombre de mes interlocuteurs, fantasmeurs ou potentiels clients, m’affirmaient en guise d’introduction :
– Ah, Madame, mon fantasme n’est pas banal !
Dans la plupart des cas, il l’était, ce qui m’a conduite à formuler deux hypothèses qui ne s’excluent pas : soit on est mauvais juge de soi-même ; soit, ignorant les fantasmagories de nos contemporains, on se suppose très particulier. Comment, d’ailleurs, pourrait-il en être autrement, dans la mesure où ces fantasmes sont la boîte noire enfouie au plus profond de soi, enveloppée de silence, de mensonges et souvent de honte, et bien cachée à l’entourage familial, amical, professionnel ?
Voici donc un florilège de demandes, étranges ou non, singulières ou stupides, qui m’ont été adressées au cours des premiers mois de mon activité :
« … pas du tout maso, je me définis passif et pervers, prêt à me soumettre à une Maîtresse stricte et sensuelle. J’imagine sa tenue, élégante, son ton qui impose le respect, ses ordres chuchotés, ses mots crus qui tranchent avec son allure bourgeoise. Le but n’est pas d’encaisser des coups, mais de trembler sous son emprise cérébrale. »
« … incarner la soubrette parfaite. À 31 ans, j’adore servir les Femmes. Vous combler, Vous si belle, me ravirait ! Les punitions (moqueries, mises au coin prolongées, claques sur les couilles, etc.) seront de rigueur si je vous éclabousse en servant le thé. »
« … après m’avoir obligé à boire un litre d’eau, vous me mettez un laxatif en suppo (je le fournirai). Vous refermez mon pantalon et m’appuyez de plus en fort sur le ventre. Je vous supplie de me laisser courir aux toilettes, vous éclatez de rire. Paniqué, je sens que je me vide par l’avant et par l’arrière, une auréole sale grandit entre mes jambes. Je jouis en vous regardant, honteusement souillé. »
« … moi, 68 ans, envie de vous toucher et de contempler votre chatte si je suis sage. Vous, guêpière-talons-string en coton blanc, à rire de mon anus fripé et de mes couilles qui pendent… Mon sexe me brûle déjà en pensant à notre séance ! »
« … trentenaire anglais, poli et professionnel (ingénieur du son), amateur de frustration. D’ici à notre rendez-vous, je m’interdirai de me masturber ; je me présenterai à vous le sexe en cage, avec la clé scotchée sur l’enveloppe de votre offrande. Vous me tourmenterez puis me chasserez alors que je suis encore dur. »
« Rugbyman pro, pro 1m89 pour 103kg de muscles. Cherche dilatation anale extrême. Amatrice d’un beau cul musclé ? Fais-toi plez’, bip-moi ! »
Et, le lendemain :
« Pardon pour hier soir, j’étais soûl… madame svp oubliez mon message madame svp. »
« …. un scénario où vous incarneriez une négociante en soie ou une psychanalyste chargée de me guérir de mon addiction : les foulards de soie. Je vous offrirai un très beau foulard griffé. En soie, cela va sans dire. »
« … la liste exhaustive de ce que je veux vivre chez vous. Exhaustive, j’insiste, car rien ne pourra être enlevé ni ajouté à ma liste ! 1-gifles dès votre porte (moi en costume-cravate, vous seins nus, en PJ roses ou rouges). 2-vénération de votre chatte (moi à 4 pattes, prévoir un coussin, rotules fragiles). 3-ligotage au radiateur avec des cordes (vous nue à ce stade). 4-godage de mon petit trou (moi toujours incapable de bouger). 5-pipi dans ma bouche (moi allongé, vous sur mon visage). 6-cunni (moi et vous, jouissance). »
« René, 68 ans, éprouve la pulsion d’être Votre chose. La durée de notre séance sera indéterminée : à chaque heure vous exigerez votre offrande pour l’heure suivante, jusqu’à ce que vous en ayez marre ou que j’aie épuisé mes réserves financières. Alors vous me jetterez dehors à moitié nu. Dans l’espoir d’être honoré de votre bienséance, je baise votre fouet. »
« … crachats +++ gode-ceinture ++ tortue de la bite ++++ me branler à 4 pattes et gicler dans ma bouche. A + ?? »
« … je suis un grand romantique, le fist et le double fist me vont à merveille. »